Historique/

AVEC LE SOUTIEN DE WALLONIE-BRUXELLES INTERNATIONAL

Première proposition envoyée à l'Atelier Presse Papier en mars 2024

UNIR

Poétique du verbe et de l'espace.

Projet participatif en résidence au Centre de diffusion Presse Papier .

Trois-Rivières, Québec.

Depuis le printemps 2022, j'ai réalisé différentes résidences d'artiste et expositions autour d'un objet ludique et populaire, le cerf-volant. Progressivement, je comprenais qu'à travers la proposition simple et légère de faire voler simultanément treize cerfs-volants (construits par moi-même avec des matériaux de récupération), je questionnais l'espace poétique dans nos sociétés contemporaines cherchant à l'imprimer dans nos quotidiens.

Le printemps 2023, je construisais un prototype "de poche", le losange classique style "Eddy" qui vole facilement. Je le pensais de façon à ce qu'il soit démontable pour pouvoir entrer dans mon sac à dos format "bagage à main" et l'emmener avec moi dans chaque déplacement, j'y inscrivais un grand "S" en guise de signature. Monté, ce cerf-volant "de poche" mesure 120 cm. x 120 cm. Je le fis d'abord voler à Paris, dans un carrefour face à Notre-Dame, au-dessus de la pyramide du Louvre et du Centre Pompidou. Puis au Portugal, dans le quartier Alfama de Lisbonne, sur la Praça do Comércio et sur la voisine petite plage Cais das Colunas. Ensuite, au-dessus de l'Atomium à Bruxelles, dans le Port des Yachts de Liège, sur le toit du palais d'Assilah ( Maroc), sur la colline Filopappou face à l'Acropole d'Athènes et au-dessus des monuments communistes du parc mémorial Bubanj de Nis, en Serbie.Tout au long de mes tests de vol, les passants, tant Serbes qu'Andalous, Marocains, Lisboètes, Parisiens, Bruxellois ou Liégeois, autochtones, touristes ou migrants, se sont sentis attirés par le jouet qui sollicitait leur attention, jusqu'à souvent, vouloir faire voler et ne plus vouloir lâcher l'engin construit d'un simple sac de plastique et de deux tiges de bambous. Je ne parle pas seulement d'enfants, mais d'individus de tout âges, de tout genre, de différentes provenances, portant différentes histoires (union et communication par le jeu). Quand on vole, on se réapproprie l'espace. Quand on vole seul, on se projette dans l'espace libre du ciel, éventuellement, on vole avec les oiseaux. Quand on vole à plusieurs, il y a un déploiement, comme un feu d'artifice dans le ciel et la réjouissance d'y participer. C'est retrouver son corps dans sa vitalité, comme un droit d'exister sans peur du temps qui nous échappe (espace de liberté=Olympe pour tous? ). C'est comme une "parenthèse" vitale dans l'absurdité de nos temps, équivalente à l'espace poétique dont nous avons besoin pour faire face à la réalité.

Ma proposition ici est de rassembler, à travers les écoles d'art et centres culturels de la ville de Trois-Rivières, une équipe de 26 pilotes. Par soucis de temps et dans un sens pratique, chacun construira son cerf-volant, ce même modèle "Eddy" de 120x120 cm. Chaque cerf-volant portera une lettre de l'alphabet latin, l'idée étant de faire voler les 26 lettres simultanément. Une équipe de preneurs d'images devra aussi se constituer. Je pense à, au moins, deux photographes et deux vidéastes.

Le vol se ferait depuis différents points stratégiques de la ville.

Les preneurs d'images se déplaceraient en vélos électriques pour collecter des vidéos qui seraient diffusées en direct sur grands écrans. Des images imprimées seront aussi présentées lors d'une exposition qui retracerait et conclurait toute l'expérience.

Lors de ces vols, chaque pilote lira, écrira et/ou citera les mots qu'il voit. Ceux-ci seront transmis en direct à deux ou trois "centres de collecte". Dans l'instant, ces "centres" transmettront par hauts parleurs ce large cadavre exquis collectif qui envahirait la ville durant le vol.

Cette manifestation se veut un geste d'échange, une proposition de démocratie poétique.

Sophie Legros/ Courte bio et petit dossier de presse

Née à Huy en 1976.

Secondaires artistiques (arts plastiques) à Saint-Luc Liège entre 1991/94.

Élève libre à la Faculté des Beaux-Arts de Séville en 1995.

Licenciée en Arts visuels et de l'espace (atelier de peinture monumentale, option couleurs) à l'Académie des Beaux-Arts de Liège en 1999.

Depuis 2007, je m'observe dans une diversité d'expériences et de réflexions plastiques qui questionnent l'espace et la dimension poétique de la vie.

Après mes études artistiques en 2000, j'ai souhaité m'isoler et vivre ma créativité en dehors des influences (directes ou indirectes) de la culture, de l'enseignement et du milieu artistique. J'ai ainsi vécu quatre ans dans une villa abandonnée au cœur de la forêt de Casares, village andalous de la province de Malaga (Espagne). Dans mes préoccupations existentielles, je cherchais une sorte d'absolu abstrait dans ma peinture, et tentais d'éviter tout ce qui pouvait faire écho à un sentiment, une psychologie ou une humanité que je jugeais trop éphémère pour refléter une vérité universelle. Je me souviens m'être réveillée de cet isolement intellectuel une après-midi où je peignais dans un atelier du village : regardant par la fenêtre, je comprenais que le tangible est tout aussi réel que l'intangible, que je ne devais plus le fuir, mais l'intégrer dans mes compositions et réflexions abstraites.

Entre 2007 et 2011,une harmonie commençait à se dégager dans une peinture monumentale et minimaliste. C'est aussi à cette époque que j'acceptais avec une certaine plénitude la diversité d'écritures plastiques, de médiums et de matériaux dans mon travail que je commençais à qualifier d'expérimental.

En parallèle à des installations "spontanées", je voyais progressivement ma peinture s'émanciper du cadre et entrer plus concrètement dans la réalité physique de notre monde, embrassant la troisième dimension. Mes installations monumentales, in-situ, me permettaient d'intégrer l'espace, l'architecture des lieux et tout élément qui entraient en dialogue avec l'œuvre. Une façon de m'approprier le monde, du sol au plafond, de la terre au ciel, d'y trouver ma place sans doute, de jouer avec les éléments, de confondre plus profondément différentes réalités et consciences ; prémices évidentes de ma position poétique actuelle : symbiose de la symbolique poétique de l'œuvre et celle de nos vies.

Peintre, dessinatrice, sculptrice, pratiquant l’installation, Sophie Legros est une plasticienne dont la démarche, à la fois protéiforme et cohérente, est d’abord une affirmation du travail artistique comme mode d’expression d’une énergie vitale libre et spontanée, d’une pulsion existentielle liée à l’acte de création et aux contingences qu’il peut rencontrer. Il en découle des réalisations qui brouillent un certain nombre de préconçus que nous pouvons avoir quant à l’idée d’œuvre d’art. Chez elle, le travail ne s’exprime pas en termes de finitude mais en termes de processus et de diversité des possibles. Dès lors, l’exposition d’étapes de recherche ou de matériaux bruts peut participer de l’œuvre et questionner la notion d’achèvement que le spectateur peut avoir de celle-ci. De même la superposition ou l’éclatement des surfaces et des contours brouille l’idée de limite, de cadre ; et ce tant dans le plan que dans l’espace… Ainsi, dans l’environnement historique et donc forcément chargé et connoté de notre Maison Renaissance, l’intervention de Sophie Legros rebat-elle les cartes de notre perception. Par un jeu sur les notions intérieur-extérieur, ouvert-fermé, nature-culture, elle fait de notre bâtiment un terrain d’expérience où l’espace clos devient horizon, le mur ouverture, la salle forêt, le bâti vivant. De cette manière, Sophie Legros crée une brèche, un environnement qui décloisonne notre cadre de vie et c’est dans l’interrogation de notre rapport au monde qu’elle nous emmène en voyage pour notre plus grand plaisir.

Gauthier Simon, Mars 2016

Après avoir vécu douze ans en Andalousie, je rentrais à Liège en 2012 et je commençais à enseigner à l'Académie des Beaux-Arts de Liège, en tant qu'assistante, avec les étudiants de peinture en master. En 2014, j'ai reçu le premier prix de la Création de la ville de Liège (https://lesmuseesdeliege.be/prix-de-la-creation-2014/). Je commençais pourtant à m'inquiéter du côté décoratif que peut prendre l'œuvre d'art, dans les finissions de sa présentation. Je me tournais alors de plus en plus vers des matériaux bruts et des gestes spontanés, observant et intégrant les pulsions crues et naturelles de vie. En parallèle aux nombreuses questions esthétiques que l'on se pose dans l'enseignement artistique, je n'avais plus d'autres réponses que l'action presque irréfléchie et un détachement du "beau" pour mieux faire face à la question du "juste". J'estimais alors que le "juste" ne devait pas être médité, seule l'action spontanée me semblait intègre et honnête.

Je commençais alors à travailler des constructions sauvages sur lesquelles je grimpais et je me déplaçais dans l'espace agençant tout ce qui se trouvait sur mon passage (voir Utérus-builder dans mon livre d'artiste En quête de formes.https://lacubatilla.wixsite.com/id-sl/eqdf). Ces œuvres et actions ont toujours suscité en moi des réflexions philosophiques et esthétiques. Un recueil de trois actions/installations réalisées entre 2017 et 2018 a été publié dans le livre d'artiste "En quête de formes", réalisé avec le soutien financier de la FWB et de la Fondation de la Province de Liège pour l'Art et la Culture en 2020. Par ce premier livre d'artiste, je m'observais entrer dans la dynamique d'une mythologie personnelle et la réponse à cet ouvrage a été un changement de vie: un déménagement et l'achat d'un bateau dans lequel je réside toujours aujourd'hui.

Premier prix, en 2014, du prix de la Création de la Ville de Liège, plasticienne et enseignante en arts plastiques, Sophie Legros (1976) explore depuis plusieurs années l'articulation des formes en deux et trois dimensions. Entre dessins, photographies, peintures et installations - la plupart constituées d'assemblage de bois de récupération- elle n'hésite pas à transformer ses oeuvres en performances physiques, lorsqu'elle grimpe aux cimaises, sans échelle, pour tendre vers les sommets et y fixer ses morceaux de bois bruts ou peints. A ces oeuvres qui restent pour la plupart éphémères, le temps d'une exposition, d'un appartement en rénovation, d'une galerie en chantier, elle donne aujourd'hui une nouvelle existence, celle d'un livre En quête de formes. S'il s'agit au départ de témoigner de trois actions-installations réalisées entre octobre 2016 et septembre 2017, à travers une constellation d'images soigneusement mises en page et retraçant sous tous les angles ce permanent "work in progress", l'artiste y livre aussi les propositions, tantôt poétiques, tantôt théoriques, de sa recherche. Ce qui transparaît des installations se révèle en fait une surprenante "en quête de soi", où l'artiste, au gré de courts séjours vers la Méditérranée et de ses propres questionnements existentiels ou sentimentaux, redonne un sens nouveau à d'anciennes mythologies, à des chemins d'égarement "qui finissent par ériger la voie principale". Un parcourt exigeant, qui trouve ici une forme aboutie d'élévation.

Alain Delaunois, dans "LiègeMusées/Actualités - Sonates d'automne",

le bulletin des musées de la ville de Liège.

Je continuais ensuite à répondre directement à mes problèmes de vie, aux contingences sociales et sentimentales, dans un art que je qualifie aujourd'hui "d'attitude".

Depuis l'année 2022, je fais partie d'un groupe d'artistes-chercheurs, enseignants à la Faculté des Beaux-Arts de l'Université de Malaga; le groupe ULPAES étudie les indicateurs intangibles dans le paysage urbain. Il s'agit d'un travail à long terme que, jusqu'à présent, nous avons abordé individuellement. Une présentation de l'ensemble de nos différents travaux a été exposé à la Faculté des Beaux-Arts de Lisbonne (Portugal) en juin 2023. Un recueil de nos différentes réflexions a été publié en octobre 2023 ( El paisaje como construccion- Expérimentation artistique et analysecritique du paysage comme résultat de procédés sociaux. Editions eleba – belas-artes ulisboa).

De mon côté, je proposais d'intégrer un projet de construction et vols de cerfs-volants auquel je pensais depuis février 2022. Durant une année, je m'organisais pour réaliser des résidences, des constructions de cerfs-volants et test de vols et, ce faisant, je comprenais que je réalisais un bras de fer avec un système sociétal dans lequel le statut d'artiste-chercheur est trop peu reconnu. Dans mon texte: De la mythologie personnelle à l'art d'attitude ( en réponse à un appel du FRArt-fnrs, voir annexe), je présente les quelques expériences réalisées autour du cerf-volant et le souhait de continuer à élargir ces manifestations en quête d'une démocratie poétique.

https://www.instagram.com/sophielegros1976/

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